Dans un premier article, j’expliquais comment il était difficile de vendre le tourisme durable. Essentiellement, les gens se disent de plus en plus préoccupés par l’environnement, mais il serait très peu à traduire ces préoccupations en gestes. Cela nous donne un «écart vert» entre les intentions et les comportements. Plusieurs facteurs peuvent expliquer, cet écart du point de vue du consommateur/voyageur:
- Les risques perçus : Plusieurs consommateurs croient toujours que les produits verts sont de moins bonnes qualités. Est-ce que dans un hôtel vert, j’aurai à me priver d’eau ou d’électricité par exemple? C’est le genre de question que se pose parfois le touriste consommateur.
- L’hédonisme comme valeur : Les vacances sont avant tout une période de repos, de plaisir, de dépaysement…Ce sont avant tout des motivations hédonisme qui motivent les gens à voyager, alors que l’environnement est souvent perçu à un renoncement ou une privation. Une étude réalisée en Angleterre démontre bien cette contradiction: les gens sont prêts à réaliser d’importants «sacrifices» en consommant moins, en recyclant, en diminuant leur consommation d’énergies, mais pas durant leurs vacances.
- Le tourisme durable ? Beaucoup d’études démontrent également une incompréhension presque totale des gens quant à leur comportement de voyages et les aspects environnementaux. Par exemple, les Anglais associent voyage durable à destination rurale et une destination peuplée à non durable. Donc voyager à Paris est moins durable pour eux que de voyager dans une destination rurale à l’autre bout de la planète, comme en Australie, par exemple. Même son de cloche chez les Français qui associent hébergement durable à hébergement à petite échelle chez l’habitant.
- Un concept flou: L’Organisation Mondiale du Tourisme définit le tourisme durable comme : « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil. » Bref, c’est une définition très large dans laquelle on peut entrer n’importe quoi.
- L’écoblanchiment: En anglais, on utilise le terme greenwashing pour désigner l’utilisation abusive du développement durable dans la publicité ou la gestion de l’image des entreprises. Comme le concept est flou et large, n’importe qui ayant des préoccupations sociales et environnementales peut se vanter d’avoir une politique de développement durable. Le consommateur ne parvient alors plus à distinguer les pratiques durables et celles qui ne le sont pas.
- À qui la faute ? Un autre problème qui freine la consommation de produits et services éthiques est l’imputabilité. Si les gens reconnaissent souvent les problèmes environnementaux, ils assument peu leur responsabilité. Ils justifient leur inaction en affirmant que leur geste n’aura pas d’impacts sur la situation ou que c’est aux autres, aux gouvernements et aux industries d’agir.
On pourrait évoquer plus en détail les problèmes concernant le tourisme durable et le comportement des consommateurs, mais les points ici soulevés résument bien que malgré des préoccupations environnementales de plus en plus grandes, le tourisme durable tarde à décoller.
Pour en savoir davantage, vous pouvez consulter mon premier article, «Les difficultés du développement durable»