Les difficultés de vendre le tourisme durable

Selon une récente étude menée par TripAdvisor, 79 % des touristes à travers le monde considèrent importants les pratiques environnementales pratiquées dans les hôtels ou autres sites d’hébergement. On serait alors tenté de croire que ces préoccupations importantes des consommateurs envers l’environnement devraient se traduire par des choix verts lors des voyages. Pourtant ce n’est pas le cas… Pourquoi?

Dans la plupart des études, on reconnait un écart important entre les préoccupations vertes des consommateurs et leurs achats, ce que l’on appelle «l’écart vert». Cet écart serait très important dans le cas du tourisme. Selon Michel Archambault de la Chaire en Tourisme de l’Université du Québec à Montréal, seulement 1% tiendrait compte de l’environnement dans le choix de la destination contre 46% pour le prix. Plusieurs auteurs confirment cette tendance pour le moins déprimante.

Certains auteurs ont tenté d’expliquer cet «écart vert» en tourisme. Une explication viendrait de la nature «hédoniste» des vacances, qui entrerait en contradiction avec l’esprit de sacrifice associé aux produits durables. Autrement dit, lorsqu’on part en vacances, c’est le plaisir et  le bon temps qui prime avant tout. Plusieurs sont prêts à réaliser des «sacrifices» comme faire des choix plus écologiques, recycler,…mais pas en vacances!

Des recherches ont aussi signalé que plusieurs consommateurs perçoivent un risque dans la prestation de service touristique vert. Autrement dit, ils craignent qu’un hôtel vert n’offre pas la même qualité de services qu’un hôtel qui n’est pas vert. Est-ce que je vais manquer d’eau ou d’air climatisé  dans un hôtel vert? C’est le genre de question que plusieurs touristes se posent. Ils préfèrent alors ne pas prendre la chance de «rater» leurs vacances en délaissant leurs critères environnementaux.

Est-ce que cela veut dire pour autant que les hôtels ne doivent  pas améliorer leur bilan environnemental ? On peut essayer de comprendre le phénomène  selon l’approche d’Hezberg. Selon son approche,   il y a les facteurs de motivation (éléments distinctifs rares) et d’hygiène (ce que l’on s’attend à recevoir).  La protection environnementale serait en train de s’intégrer comme facteur d’hygiène chez les touristes. En d’autres mots, les consommateurs ne considèrent pas les pratiques environnementales comme un élément distinctif, mais s’attendent à ce que les hôtels soient respectueuses envers l’environnement. De ce point de vue, les pratiques vertes  ne créent pas de satisfaction, mais peuvent créer de l’insatisfaction.